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29/03/2025 04:00:00

L'enfer du CPR de Milo à Trapani

 Le CPR de Milo, à Trapani, continue d'être un enfer pour ceux qui y sont enfermés. Le dernier épisode de violence secouant le Centre de rétention pour les rapatriements parle d'un passage à tabac brutal, dénoncé par des activistes et des témoins, perpétré par des agents en équipement antiémeute. "À l'aide, à l'aide, nous sommes couverts de sang !" serait le cri désespéré entendu dans une vidéo filmée sur l'un des téléphones portables des migrants présents et rendue publique par leurs avocats. Ces dernières heures, les migrants ont déclaré une grève de la faim et ont commencé à secouer les grilles en signe de protestation. La situation est d'autant plus alarmante que l'âge moyen des résidents du CPR a drastiquement diminué, avec un nombre croissant de jeunes adultes extrêmement vulnérables. Ces jeunes, souvent tout juste sortis de communautés pour mineurs, se retrouvent sans documents ni protections.

La dénonciation de "Plus Jamais de Camps de Concentration"

L'activiste Teresa Florio, du groupe "Plus Jamais de Camps de Concentration", dénonce depuis longtemps les mauvais traitements et les violences dans les CPR italiens, avec une attention particulière pour celui de Trapani. Selon son témoignage, les passages à tabac se seraient produits à l'aide de matraques et de coups de pied, souvent infligés à des personnes menottées, à l'intérieur des cellules, des toilettes ou de l'infirmerie, loin des caméras et des témoins.

La situation est encore plus dramatique car elle concerne principalement de très jeunes adultes. Il s'agit de jeunes tout juste majeurs, catapultés dans un système qui ne fait pas la distinction entre ceux qui ont un passé criminel et ceux qui sont venus en Italie en quête d'un avenir. Ces jeunes, accueillis jusqu'à il y a peu dans des centres pour mineurs, se retrouvent, à leur majorité, dans un établissement qui ressemble peu à un centre d'accueil, sédatés par des psychotropes et isolés.

Règlements ignorés et conditions désespérées

Le règlement ministériel de 2022 stipule que les personnes fragiles ne devraient pas être enfermées dans les CPR, pourtant, de nombreux détenus, sans perspectives et en attente d'expulsion, se trouvent dans des conditions désespérées. L'incident violent au CPR de Milo serait survenu en représailles après qu'un migrant, utilisant un smartphone, avait tenté de dénoncer une tentative de suicide par pendaison à l'intérieur de l'établissement. Le passage à tabac aurait eu lieu peu après. Florio décrit le CPR comme un "enfer", où la dégradation et la violence sont quotidiennes. De plus, le CPR de Trapani serait géré par la coopérative Ekene, la même qui s'occupe du centre de Gradisca, où quatre décès ont été enregistrés depuis 2019. Les témoignages d'anciens détenus parlent de passages à tabac, de tortures et d'abus de pouvoir de la part des forces de l'ordre et du personnel gestionnaire.

De plus en plus de jeunes parmi les victimes

Ce qui rend la situation encore plus tragique, c'est le fait que de plus en plus de très jeunes adultes, tout juste majeurs, se retrouvent dans les CPR et tentent de se suicider. Le cas d'Aziz et d'un autre garçon récemment interné montre comment l'âge des résidents de ces structures a drastiquement baissé. De jeunes adultes qui, sortis des communautés pour mineurs sans documents, se retrouvent soudainement clandestins et sans perspectives, avec la seule perspective de travailler au noir et de devenir victimes du travail au noir. Un système qui, au lieu de garantir des parcours d'inclusion, se contente de ségréger et de déporter.

La "prison des étrangers"

La situation du CPR de Trapani n'est pas un cas isolé. Les conditions des CPR italiens ont été à plusieurs reprises dénoncées par des associations de défense des droits de l'homme et des organisations internationales. Dans les CPR de Bari, Milan, Macomer, Caltanissetta, Brindisi, et Ponte Galeria, des situations similaires sont enregistrées : mauvais traitements, violences, conditions de dégradation extrême. Des personnes avec de graves problèmes psychiatriques, des malades d'épilepsie, de tuberculose, et des fractures non soignées sont laissées sans assistance médicale adéquate.

En 2024, Lorenzo Figoni et Luca Rondi ont écrit dans un rapport d'Altraeconomia intitulé "Gorgo Cpr – Entre vies perdues, psychotropes et contrats de plusieurs millions", une enquête sur les Centres de rétention pour le rapatriement en Italie.

"Des données, des documents et des témoignages inédits démontent des décennies de propagande politique faite sur le dos de milliers de personnes. Voici pourquoi la 'prison des étrangers' piétine les droits et gaspille l'argent public. De Milan à Rome, en passant par Turin, Gradisca d'Isonzo, Palazzo San Gervasio, Brindisi, Bari, Trapani, Caltanissetta et Macomer : la détention administrative dans les CPR nous rappelle qu'en Italie, certaines vies valent moins. Ce sont celles des sans-papiers, ceux qui n'ont pas de permis de séjour régulier, et qui peuvent se retrouver soudain enfermés dans des cages de quelques mètres carrés.

Sans aucune activité, les 'retenus' passent leur temps dans le limbe jusqu'à 18 mois, attendant la lointaine possibilité d'un rapatriement dans leur pays d'origine. Leur souffrance, tue par l'usage massif de psychotropes, est confiée à des privés - multinationales, sociétés et coopératives - à qui l'État délègue la gestion de ces lieux à travers des contrats de plusieurs millions. La mise en cage de l'existence humaine se fait ainsi entre faux papiers, dignité niée et santé piétinée. Un 'modèle' exporté en Albanie."



International News | 2025-03-29 04:00:00
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L'enfer du CPR de Milo à Trapani

 Le CPR de Milo, à Trapani, continue d'être un enfer pour ceux qui y sont enfermés. Le dernier épisode de violence secouant le Centre de rétention pour les rapatriements parle d'un passage à tabac...